Adolescence,
n. f. : période intermédiaire entre l'enfance et l'âge adulte, au cours
de laquelle l'avènement de la maturité génitale bouleverse l'équilibre
acquis antérieurement. |
Si,
d'aventure, un voyageur du temps nous revenait des siècles passés, sans
doute ne manquerait-il pas de nous demander, au milieu d'une foule
d'autres questions : « Mais comment peut-on être
adolescent? »... C'est que - on l'oublie trop - l'adolescence n'a
pas toujours existé; il est même aujourd'hui certains peuples, tout
près de nous, qui ignorent totalement ce phénomène...
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Aide,
n. f. : terme aujourd'hui très usité pour désigner, à la fois, des
dispositifs éducatifs ("aide individualisée") et un projet pédagogique
plus large qui consiste à "accompagner" les personnes dans leurs
apprentissages ou leur développement. La notion n'est pas, pour autant,
dénuée d'ambiguïté. |
La
question de l'aide en général et de l'aide pédagogique en particulier
nous place au coeur d'un problème éthique. Peut-on parler d'une
"éthique de l'aide" ? Cela n'est pas facile et nous renvoie à trois
contradictions : 1) l'éthique relève de la symétrie entre les personnes
et l'aide relève de la dissymétrie ; 2) l'éthique relève de la
reconnaissance de l'altérité (y compris dans son caractère
inconnaissable) et l'aide relève de la connaissance de la différence de
l'autre ; 3) l'éthique relève toujours d'un choix individuel, de
la responsabilité personnelle, alors que l'aide relève aujourd'hui -
surtout si on l'associe à la prévention - d'une organisation collective
et sociale...
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Alternance
: n. f. : terme récent dans le domaine de la formation, apparu d'abord
dans l'enseignement agricole. Désigne une formation qui fait alterner
un temps de formation dite "pratique" (stage) et un temps de formation
dite "théorique " (cours, recherches documentaires, analyses de
pratiques, etc.). Comme l'oeuf de christophe Collomb, il fallait y
penser... mais le voyage n'est pas terminé pour autant. |
Pour
comprendre les enjeux de l'alternance, il faut d'abord se demander
pourquoi le système de formation s'est progressivement dégagé du
système de production ? La création de lieux
où l'on apprend, distincts des lieux où l'on produit est un phénomène
relativement récent. Auparavant on apprenait sur les lieux de
production eux-même par un "simple" compagnonnage. Les apprentis
étaient mis directement au contact avec les impératifs de "la vie"
artisanale, agricole, intellectuelle, industrielle, militaire, etc. Ce
que l'on appelle aujourd'hui parfois (de manière un peu simpliste) "la
pédagogie de projet" a été bien antérieure à la pédagogie dite
"traditionnelle" : on a d'abord appris à forger en étant forgeron ; on
a d'abord appris à écrire en copiant derrière l'épaule du copiste et
non en pratiquant une méthode d'écriture ; on s'est d'abord formé à un
métier au contact direct de la réalité économique...
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Anticipation,
n. f. : activité centrale de tout éducateur qui consiste à aider un
sujet à grandir en le considérant du point de vue de ce qu'il peut
faire et devenir et non de ce qu'il fait et de ce qu'il est. |
Peut-être
cela paraîtra-t-il étonnant à beaucoup, mais je crois que la crise de
l'éducation que nous vivons aujourd'hui peut être analysée comme une
crise du rapport éducatif et de la gestion de ce que l'on pourrait
nommer « la distance éducative », ou plus exactement comme
une difficulté à anticiper « justement » ce qu'il
convient d'attendre des personnes que l'on veut éduquer...
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Attitude,
n. f., concept considéré comme "mou" par beaucoup de "spécialistes de
l'éducation". Utilisé, ici, pour désigner une réalité souvent
insaisissable : la même séquence d'apprentissage peut s'avérer très
efficace... ou fort peu, selon "l'attitude" du formateur. Or, les
critères purement techniques ne peuvent guère venir à bout de l'analyse
de cet écart. |
Pour
assumer sa fonction, c'est-à-dire pour fournir au plus grand nombre
d'élèves les concepts et la volonté qui leur permettront de comprendre
et de maîtriser le monde dans lequel ils seront insérés, l'Ecole a
besoin, plus que jamais, d'outils et de dispositifs élaborés ; elle a
besoin de mobiliser toutes les techniques qui sont à sa disposition,
sans exclusive ni anathème, afin de répondre, par la variété des
itinéraires et des supports d'apprentissage, à l'hétérogénéité des
élèves... La montée inéluctable de cette l'hétérogénéité peut être une
chance, d'ailleurs, pour l'Ecole, à condition que les maîtres renoncent
à placer la reproduction d'un modèle formel de la classe, ou tout le
monde fait la même chose en même temps, comme critère essentiel de la
réussite pédagogique. La conformité aveugle à ce modèle - d'ailleurs
fort récent dans l'histoire des institutions éducatives - est
aujourd'hui le verrou majeur à la transformation positive des pratiques.
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Autoformation,
n. f., néologisme apparu dans le champ de la formation des adultes et
désignant la démarche par laquelle un sujet s'approprie seul des
connaissances, à son initiative. Par extension, désigne le processus
d'appropriation lui-même qui est toujours "auto" (un sujet ne
s'approprie vraiment des connaissances que dans et par une démarche
personnelle), même s'il nécessite toujours un apport extérieur ("Tout autodidacte est un imposteur." Paul Ricoeur). |
Disons-le
d'emblée, et aussi provocateur que cela puisse paraître, il n'y a
d'apprentissage véritable qu'en autoformation . En d'autres termes, il
n'y a de savoir authentique que parce qu'un sujet construit des
connaissances en élaborant des réponses aux questions qu'il se pose, en
cherchant des informations lui permettant de surmonter les obstacles
qu'il rencontre, en élaborant des schèmes d'action répondant à des
familles de problèmes qu'il sait identifier, en ajustant ses
propositions en fonction des aléas qui se présentent, en adaptant ses
comportements en fonction de situations nécessairement imprévisibles,
en réinvestissant progressivement ses acquis pour accroître sa capacité
à apprendre et à apprendre encore. Allons plus loin : il n'y a de
véritable formation que par alternance . En d'autres termes, nous ne
nous formons que parce que parvenons à établir une véritable dialogue
entre des situations qui nous font problème et des connaissances qui
nous aident à construire des solutions. Mais, contrairement à ce que
l'on croit parfois, les problèmes ne se trouvent pas seulement dans la
"pratique" et les solutions dans la "théorie"...
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Autonomie,
n. f. : terme utilisé très fréquemment en pédagogie pour désigner la
capacité de "se conduire selon son propre vouloir". Il fait l'objet
d'un trop large consensus pour ne pas poser problème. |
À
lire la plupart des projets d'écoles ou des projets d'établissements, à
consulter les instructions ministérielles, à entendre les parents et
les enseignants, on découvre que l'"autonomie" est au centre de tous
les discours. On veut former des élèves autonomes, des enfants
autonomes, former à l'"autonomie requise pour l'exercice d'une
citoyenneté responsable", etc. Or, à regarder de près les pratiques
scolaires et les comportements des élèves, on découvre que, en réalité,
ce n'est pas l'autonomie qui est développée mais bien plutôt quelque
chose comme la débrouillardise...
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Autorité,
n. f. : terme associé le plus souvent au mot "crise" dans les
expressions "crise de l'autorité", "autorité en crise". Association
dommageable dès lors qu'on revient à l'étymologie du mot : "ce qui
autorise", "ce qui rend auteur". |
La
crise de l'autorité est devenue, aujourd'hui, un lieu commun et semble
à l'origine de tous nos maux. À tort et à raison. À tort, parce que,
depuis toujours, les adultes se sont plaints de l'arrogance des jeunes
générations : les plus vieux textes écrits dont nous disposons
déplorent le manque de respect des jeunes envers leurs aînés... Mais à
raison aussi : parce que nous ne sommes plus, en France, dans une
société théocratique. Le ciel n'est peut-être pas vide, mais, de toute
évidence, il est muet : il n'existe plus de parole morale qui
s'impose à tous...
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Banlieues,
n. f., souvent employé au pluriel pour désigner, de manière très
restrictive, les "banlieues populaires" qu'on dit "difficiles".
Métaphore pédagogique intéressante pour désigner les lieux où
s'engagent des initiatives en direction de ceux qu'on dit
"inéducables". A cet égard, synonyme de "marge", au sens de Jean-Luc
Godard : "C'est la marge qui tient la page." |
|
Citoyenneté,
n. f., néologisme assez peu heureux formé à partir du beau terme de
"citoyen". S'utilise beaucoup, dans la vulgate pédagogique, dans
l'expression "éducation à la citoyenneté". Peut désigner des activités
spécifiques (éducation civique, pratique du "conseil d'élèves", etc.)
ou recouvrir une conception pédagogique plus globale dans laquelle la
transmission des savoirs n'est pas séparée du processus d'émancipation
permettant l'émergence du citoyen pur une société démocratique. |
Ce
n'est pas un des moindres paradoxes de notre modernité que le
désintérêt des démocraties pour la formation de leurs citoyens et,
donc, pour leur propre pérennité. Alors que tous les régimes
totalitaires, quelle que soit leur idéologie de référence, consacrent
une énergie considérable à inculquer aux enfants le catéchisme qui
garantira leur assujettissement futur, les démocraties, elles, se
contentent d'injecter une heure d'éducation civique ici ou là... avec
si peu de conviction que chacun convient, en aparté, qu'elle peut
passer à la trappe à la première occasion ! On semble ainsi se
résigner à l'emballement de l'individualisme, à la disparition des
règles de vie commune et à l'emprise des communautarismes. Or, l'École
pourrait avoir alors, ici, une place déterminante... Or, l'École
pourrait avoir alors, ici, une place déterminante. À condition de mener
de front un double travail : d'une part, aider chaque élève à échapper à toutes les formes de tribalisme
qui imposent la conformité à la norme et interdisent toute liberté de
penser ; et, d'autre part, apprendre en permanence à chacun à se
décentrer par rapport à ses préoccupations immédiates et ses intérêts
personnels pour s'associer à d'autres et aller vers l'universel...
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Collège,
n. m. : désigne l'institution intermédaire entre l'école primaire
(fondée par Jules Ferry) et le lycée (fondé par Napoléon). cette
institution intermédaire scolarise des enfants de 11 à 16 ans environ
et hésite en permanence, depuis des années, entre le statut de "super
école primaire" et celui de "petit lycée". |
Le
collège français correspond à ce que l'on nomme, dans les recherches
internationales, "l'école moyenne". A peu de choses près, la fin du
collège correspond aussi chez nous, pour beaucoup d'élèves, à la
fin de la scolarité obligatoire. Or, cette notion de "scolarité
obligatoire" a, peu à peu, disparu du vocabulaire, comme si l'on
hésitait maintenant à l'employer avec toute sa charge historique et sa
signification sociologique. Or, si l'on revient aux sources de la
"scolarité obligatoire", on est frappé de l'importance que la société
avait donnée à cet objectif. Car, contrairement à ce que l'on a
prétendu parfois, Jules Ferry, en faisant adopter les lois laïques, n'a
nullement cédé à la demande économique qui aurait imposé une
augmentation du niveau d'instruction...
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Connaissances scolaires
: expression désignant l'ensemble de ce qui est enseigné à l'école.
Renvoie, d'une part, aux programmes d'enseignement (que les sociologues
nomment le curriculum formel) et à de nombreuses autres connaissances qui sont acquises parfois à l'insu de l'enseignant et de l'institution (le curriculum caché).
Dans le débat pédagogique, l'expression est souvent opposée (de manière
polémique) à "compétences", sous forme d'une alternative : "Faut-il enseigner des connaissances ou des compétences ?". |
Chaque
fois que l'on joue sur un couple de mots que l'on oppose - comme
"connaissances" et "compétences" -, on prend le risque de simplifier
considérablement les choses, voire de les caricaturer. Tentons
cependant de définir rapidement ces deux termes . Les connaissances et
les compétences sont, pour moi, des médiations éducatives qui
permettent aux élèves qui les acquièrent d'échapper, au moins
partiellement, à la violence des situations physiques, psychologiques
et sociales dans lesquelles ils sont impliqués. Les unes et les autres
peuvent être acquises de manière superficielle, empilées à court terme,
pour faire face à des situations d'examen par exemple ; mais les unes
et les autres peuvent aussi être intégrées dans la dynamique
intellectuelle d'un sujet et contribuer réellement à son émancipation.
Plus précisément, je nommerai ici "connaissances" des savoirs
essentiellement programmatiques, renvoyant à des disciplines
précisément identifiées, mobilisables pour résoudre des problèmes qui
se posent spécifiquement dans le champ épistémologique de ces
disciplines. En revanche, je nommerai "compétences" des savoirs
renvoyant à des situations complexes qui amènent à gérer des variables
hétérogènes et qui permettent de résoudre des problèmes qui échappent à
des situations référables épistémologiquement à une seule discipline...
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Connaître (l'enfant, l'élève)
v. t., activité peu identifiable et dont on perçoit difficilement le
terme, mais considérée souvent, dans le domaine pédagogique, comme un
préalable nécessaire à l'action avec (ou sur) l'enfant ou l'élève : "Pour enseigner les mathématiques à John, il ne faut pas seulement connaître les mathématiques, il faut aussi connaître John". |
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Débat éducatif (français)
: sans doute en raison des liens historiques très forts que l'Etat y
entretient avec l'Ecole, le débat éducatif français est, depuis
longtemps, très violent. Il a pris, cependant, ces vingt dernières
années, une tournure particulièrement polémique en opposant les
"républicains" et les "pédagogues". Tout le monde trouve cette
opposition stupide et, pourtant, elle revient sans cesse. |
Depuis
les années 1984 et le ministère Chevènement, on repère, en effet, assez
nettement, dans le débat éducatif, deux conceptions qui s'affrontent au
sein même de la mouvance "progressiste": d'un côté, on valorise la
transmission culturelle et l'on fait valoir que, la culture étant, par
essence, dépassement du particulier pour accéder à l'universel,
l'attention aux personnes dans leur singularité, la prise en compte de
leurs préoccupations et de leurs centres d'intérêts, mettent gravement
en question la vocation même de l'institution scolaire. D'un autre
côté, on souligne qu'il n'y a pas d'appropriation culturelle qui ne
puisse s'effectuer sans que l'on s'appuie sur ce que le sujet sait
déjà, sur les questions qu'il se pose ou qu'on l'amène à se poser, sur
sa manière d'apprendre, sur son histoire singulière...
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Démocratie,
n. f., désigne un régime politique qui, selon la formule célèbre est
"le pire de tous, à l'exception de tous les autres". Ce régime est basé
sur la participation de chaque citoyen à la volonté collective par
l'intermédiaire de consultations électorales. En pédagogie, la question
se pose souvent de savoir si l'école est un "lieu démocratique" ou un
"lieu de formation à la démocratie". |
Il
n'est jamais vraiment inutile de rappeler que, dans une démocratie, le
vote d'un individu majeur reste bien l'acte politique par excellence,
celui par lequel tous les citoyens, sur un pied d'égalité, participent
à l'exercice du pouvoir et pèsent sur des choix qui conditionnent tous
les autres. On ne peut laisser penser aux jeunes générations qu'il est
indifférent de choisir tel ou tel homme ou parti politique, puisque
eux-mêmes, ensuite, vont s'engager dans des manifestations de lutte ou
de soutien de ces mêmes hommes et partis... C'est pourquoi il faut,
tout à la fois, développer une éducation au politique et, par ailleurs,
marquer solennellement l'entrée dans la vie politique...
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Désir d'apprendre,
expression utilisée fréquemment pour désigner une sorte d'aptitude
innée de tout individu, en particulier les enfants, qui les amènerait à
chercher spontanément à s'informer et à comprendre. En réalité, lieu
commun néo-rousseausiste (que n'aurait jamais assumé Rousseau) qui
néglige que "le désir de savoir" ne se transforme pas miraculeusement
en "désir d'apprendre". |
La
modernité exaspère la contradiction entre le désir de savoir - tout et
tout de suite - et le projet d'apprendre qui impose de tâtonner,
d'assumer l'ignorance et d'apprivoiser le temps. « Savoir »
et « apprendre » ne sont pas synonymes. Le goût d'apprendre
s'est effondré chez beaucoup d'élèves dans la volonté de savoir. C'est
parce qu'ils veulent « savoir tout de suite » qu'ils ne
comprennent pas la nécessité d'apprendre. La modernité technique
elle-même organise de manière systématique nos activités pour que nous
puissions savoir sans apprendre et sans avoir appris. Il faut que les
enseignants comprennent que la modernité agit de la sorte ; dans
le cas contraire, ils ne comprendront pas pourquoi il est si difficile
aux élèves de renoncer à savoir tout de suite pour prendre le temps
d'apprendre. De la même manière, la modernité exaspère une
contradiction entre « le primat du réussir » et « le
primat du comprendre »...
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Devoirs (à la maison)
: interdits dans l'enseignement primaire depuis 1956, ils n'en restent
pas moins très présents et prennent de plus en plus d'importance dans
l'enseignement secondaire... Au point que, dans ce dernier, l'école
devient le lieu où l'on va prendre quelques informations... avant de
rentrer chez soi faire son travail. Comme si les professeurs d'EPS
dictaient en classe les règles du basket et donnaient le match à faire
à la maison ! |
Assez
curieusement et par un étrange renversement, les « devoirs
scolaires » sont aujourd’hui identifiés comme des travaux que l’on
fait à la maison, ou, pour les élèves internes, en étude… mais, dans
tous les cas en dehors de la présence d’un professeur. Certes, il
existe des structures encadrées par les enseignants sous des noms
divers (aide individualisée, accompagnement personnel, tutorat, etc.),
mais, dans l’immense majorité des cas, ce qui se fait là relève plutôt
d’une « pédagogie de soutien » qui reprend des notions mal
comprises en classe et n’exonère en rien l’élève de son travail
personnel à la maison... Pourtant, historiquement, le travail personnel
de l’élève – qu’il concerne la mémorisation, l’entraînement, la
recherche ou l’élaboration personnelle – a été conçu comme un des
éléments fondamentaux de la scolarisation, devant être effectué en
classe ou, au moins, sous la responsabilité directe de l’école.
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Didactique,
n. f., terme utilisé par Comenius au XVIIème siècle pour désigner
l'effort rationnel de transmission des connaissances à tous les hommes.
Aujourd'hui, on parle plutôt "des didactiques" des différentes
disciplines qui travaillent sur les conditions de leur enseignement. A
ne pas confondre, évidemment, avec la pédagogie. |
|
Différences,
n. f. le plus souvent utilisé au pluriel dans la réflexion pédagogique.
Désigne un ensemble très vaste de spécificités individuelles et
collectives, en particulier dans l'expression "prendre en compte les
différences". En réalité cette question ne peut guère être traitée à un
tel niveau de généralité. |
Chacun
connaît la célèbre formule de Bourdieu selon laquelle c'est d'abord
"l'indifférence aux différences" qui reproduit les inégalités. Car
cette indifférence présuppose une égalité de chances et de capacités
qui n'existe pas en réalité. Pire, elle alimente le fantasme
extrêmement dangereux d'une homogénéité possible qui serait même la
condition d'efficacité de l'école, voire de survie de la société :
nous ne sommes pas loin du mythe de la " race pure "... Alors
que notre société connaît des dérives sectaires et des replis
communautaires inquiétants, l'école continue à générer l'exclusion, à
creuser le fossé entre les enfants dits "normaux" et les autres,
handicapés, déficients, ou simplement en situation d'échec...
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Echec scolaire
: expression peu usitée jusque dans les années 1960 et qui ne commence
à désigner une véritable problème social et politique que dans les
années 1980. Tout le monde veut "lutter contre l'échec scolaire"...
Mais pas nécessairement de la même manière. |
La
notion d’échec scolaire est assez récente. Elle n’apparaît guère avant
les années 1960 et ne devient un véritable problème social et politique
que dans les années 1980. Car, dans la tradition élitiste française,
les échecs étaient plutôt des solutions… au problème de la sélection.
Dès lors que l’héritage des charges et des biens ne pouvait plus être –
au moins en théorie – le critère de structuration de la hiérarchie
sociale, la réussite scolaire, et son corollaire, l’échec, permettaient
de faire le tri ! Cela nous est devenu aujourd’hui insupportable.
Pourquoi ?
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Ecole nouvelle
: expression née probablement en 1899 à l'occasion de la création de
l'école d'Abbotsholme par Cecil Reddie ; désigne une école où l'on se
propse de faire découvrir les savoirs aux élèves en les mettant en
situation d'activité. |
Pour
bien des « républicains », encore aujourd'hui, l'Ecole
Nouvelle est associée à des valeurs contraires aux valeurs fondatrices
de la République. Et il est vrai que l'on peut comprendre cette
position pour deux raisons au moins : d'une part, parce que les
premières "écoles nouvelles" furent des initiatives privées qui
s'installèrent au moment même où l'Etat cherchait à contrôler un
système éducatif atomisé et à lui imposer des valeurs et des pratiques
communes capables de fonder l'unité de la République.
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Educabilité,
n. f., néologisme utilisé en pédagogie au XXème siècle (Rousseau
employait le terme de "perfectibilité"). Désigne un postulat fondateur
de toute activité éducative qui interdit d'attribuer une difficulté ou
un échec d'un sujet à son "absence de dons". |
|
Education formelle et non formelle, expressions
qui se stabilisent aujourd'hui, en particulier en Europe, et qui
désignent et opposent, d'une part, l'éducation scolaire relevant
d'institutions identifiées comme l'Ecole et, d'autre part, les
activités éducatives encadrées par des associations diverses qui
effectuent, par exemple, de l'accompagnement scolaire. On peut y
ajouter, aussi, l'éducation informelle qui comprend tout
l'environnement éducatif (médias, culture, etc.). |
L'École
peut-elle, à elle seule, produire la réussite scolaire et sociale des
enfants ? Pour répondre à cette question, il convient de faire un
petit retour en arrière et de comprendre les finalités les objectifs et
les méthodes de l'institution scolaire. Cette institution, sous la
forme que nous lui connaissons aujourd'hui, est extrêmement récente au
regard de notre histoire : un siècle et demi, guère plus !
Ses principes de fonctionnement datent de Comenius, un philosophe et
pédagogue tchèque protestant, qui les formula et les mit en oeuvre dans
ses ouvrages à la fin du XVIIème siècle. Comenius avait observé que les
apprentissages de toutes sortes, y compris professionnels,
s'effectuaient de manière bien trop aléatoire et il souhaitait les
rendre, tout à la fois, plus égalitaires et plus rigoureux. Pour que
tous les enfants accèdent aux savoirs jugés fondamentaux, il mit en
place un système qui tendait à en faire, pour tous sans exception, des
apprentissages obligatoires, progressifs et exhaustifs....
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Education populaire
: expression assez largement ringardisée et qui désigne, pourtant, un
mouvement particulièrement important et fécond dans l'histoire de
l'éducation en France. Il n'est pas certain, d'ailleurs, que l'on n'ait
pas encore beaucoup à apprendre de l'Education populaire. |
|
Entreprise,
n. f., désigne un organisme qui produit des richesses économiques et,
pour cela, s'appuie sur les compétences des personnes qu'elle utilise
au mieux. A l'inverse de l'école dont la mission est de faire acquérir
des compétences nouvelles à ceux qui ne les ont pas. |
Pour
avoir partagé, pendant quelques années de mon existence, la
responsabilité d'un établissement scolaire, je sais à quelles
difficultés se heurte au quotidien celui qui exerce cette tâche. Je
sais que, mille fois, il s'impatiente et s'exaspère devant les
lourdeurs administratives, les pressions des technocrates, le caractère
vétuste et souvent irréaliste des règlements qui lui sont imposés. Je
sais que, particulièrement dans le système scolaire français, le chef
d'établissement rêve, aux soirs de fatigue, d'être enfin débarrassé de
ces contraintes et de pouvoir gérer en toute liberté ses personnels et
ses moyens....
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Filiation,
n. f., désigne le rapport entre des parents et leurs enfants. Il ne
s'agit pas du rapport biologique, mais de la relation symbolique qui se
construit entre deux générations. D'où l'extension de ce terme dans la
sphère sociétale et pas seulement familiale. |
C'est
une banalité de dire, aujourd'hui, que la filiation est en crise. C'est
vrai qu'il y a une crise du lignage, de la traçabilité sociale, de
l'identification de son propre nom, de la capacité à se situer à
l'intérieur d'une généalogie. La plupart des jeunes que l'on dit
« en difficulté » sont dans une sorte de présent qui, parce
qu'il n'a pas de passé, ne leur permet pas nécessairement d'anticiper
un futur. Il y a une sorte de désarticulation entre l'inscription dans
une histoire et l'expression dans un présent, cette dernière devenant
le « tout » et surdéterminante par rapport à l'inscription
dans une histoire...
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Groupe,
n. m., terme utilisé communément pour désigner un ensemble d'individus.
Dans le domaine pédagogique, les "pédagogies de groupe" sont apparues
dans la mouvance de l'Education nouvelle pour promouvoir, à la fois,
l'activité et le collectif censés s'opposer à la "méthode
traditionnelle" impositive et à la segmentation de la classe en
individus concurrents. Leur pratique pose de nombreux problèmes de fond
et de méthodes. |
Pour
comprendre l'usage de la notion de "pédagogies de groupe" telle qu'elle
s'est développée depuis le début du siècle et, plus particulièrement,
depuis les années 1960, il convient de situer la notion de "groupe" par
rapport à la notion de "classe" contre laquelle elle s'est très
largement constituée. La "classe", telle que nous la connaissons
aujourd'hui, est une invention relativement récente et très limitée
géographiquement ; même si aujourd'hui, pour beaucoup de nos
contemporains, la classe apparaît comme l'unique modalité
institutionnelle possible de transmission des connaissances aux jeunes,
elle n'a été systématisée, sous ses formes actuelles, que depuis un
siècle et ses premières apparitions datent de quatre siècles environ
(on l'appela d'abord "la bande" puis, ensuite, "le rang"). La création
de la classe est, sans aucun doute, due, à la fin du Moyen Age, à une
volonté d'améliorer l'efficacité des procédures de transmission du
savoir en regroupant des jeunes de même niveau de connaissance pour
leur proposer en même temps l'apprentissage des mêmes savoirs...
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Innovation,
n. f. : terme largement employé pour désigner des initiatives à
l'intérieur du système scolaire, tant dans le domaine des pratiques
pédagogiques quotidiennes que des impulsions institutionnelles. Totem
pour les uns, tabou pour les autres, ce terme fait souvent obstacle à
une analyse sérieuse de la réalité. |
|
Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) :
Institutions de formation des enseignants mis en place par la Loi
d'orientation sur l'école de 1989 et présents dans chaque académie
depuis 1991. Ils forment les enseignants du premier et du second degré,
de l'enseignement général et professionnel, selon le principe d'une
"formation universitaire, professionnelle, d'adultes et par
alternance". Ils sont voués à la disparition à partir de la rentrée
2009. |
Les
Instituts universitaires de Formation des Maîtres, implantés dans
chaque académie depuis 1991, ont été créés en application de la loi
d’orientation sur l’éducation du 10 juillet 1989. Ils s’inscrivent dans
la perspective générale de ce texte qui s’efforce de créer les
conditions afin que la démocratisation de l’accès à l’enseignement
(souvent nommée « massification ») se traduise par une
véritable démocratisation de la réussite dans l’École. En effet, la
France a, depuis 1959 et l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans, fait
des efforts considérables pour accueillir le plus grand nombre d’élèves
– y compris dans les lycées – et les amener jusqu’au plus haut niveau
possible de scolarisation. Mais, faute d’une adaptation des structures
et de la pédagogie, le système scolaire est resté très inégalitaire. La
loi d’orientation de 1989 entend donner une impulsion décisive à la
démocratisation en passant d’une logique de la gestion des flux à une
logique de l’accompagnement de chacun : elle insiste, pour cela,
sur la différenciation des parcours d’apprentissage et promeut une
autre conception de l’évaluation, susceptible de permettre d’identifier
à temps les difficultés de chacun et de s’appuyer sur ses points forts
pour l’aider à réussir.
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Jeu,
n. m. : désigne une activité, abusivement considérée comme la
spécificité de l'enfance et qui se distingue par un type particulier de
rapport au réel, aux autres et au temps. La question de la place du jeu
à l'école a souvent été objet de débat, les uns considérant que l'école
doit rompre avec l'univers du jeu, les autres en faire un outil
pédagogique privilégié. |
Pour
l'enfant qui rentre à l'école, « on ne joue plus, on
travaille ! » En d'autres termes, on ne pourra plus faire
« ce qu'on veut », il faudra se soumettre aux injonctions du
principe de réalité. Plus question de partir dans des mondes
imaginaires où tout est possible, voici venu le temps de se coltiner la
résistance des êtres et des choses : il faut être
sérieux !... D'où, effectivement, certaines positions qui font du
jeu à l'école une hérésie : une régression et un non sens aux
regard des finalités scolaires.
|
Médiation,
n. f., désigne, en pédagogie, l'ensemble de ce qui "médiatise" les
rapports entre les personnes et leur permet de "se mettre en jeu à
propos de quelque chose qu'elles font ensemble". Ainsi définie, la
médiation est le moyen d'éviter le face-à-face et le corps-à-corps d'où
émane inévitablement la violence. |
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Mépris,
n. m., sentiment par lequel on juge la conduite ou la personne de
quelqu'un indigne d'estime. Utilisé le plus souvent, dans les débats
éducatifs, à la voie passive : les élèves et/ou les enseignants
ont le sentiment d' "être méprisés. Dans ces conditions, le mépris
apparaît comme un cercle vicieux : se sentir méprisé par l'autre
entraîne le mépris de l'autre. |
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Méthode pédagogique : expression très générale utilisée pour désigner des réalités d'ordres très différents, mais articulant toujours, in fine, des finalités, des connaissances sur l'apprentissage et des outils à mettre en oeuvre. |
L'usage
de l'expression "méthode pédagogique" est extrêmement extensif dans la
littérature pédagogique. De manière très générale, on peut cependant
distinguer trois acceptions dominantes... D'une part, l'expression
désigne un courant pédagogique cherchant à promouvoir certaines
finalités éducatives et suggérant, pour cela, un ensemble plus ou moins
cohérent de pratiques : c'est en ce sens que l'on peut
parler des "méthodes traditionnelles", des "méthodes nouvelles", des
"méthodes actives", des "méthodes Freinet", etc.
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Missions (de l'Ecole)
: formule souvent utilisée pour désigner les finalités de l'institution
scolaire. Même s'il n'est pas sûr que les finalités précèdent
chronologiquement et logiquement les institutions chargées de les
mettre en oeuvre, il faut, régulièrement, "revenir" aux "finalités"
pour interroger les "modalités". |
Je
refuse qu'on rabatte les missions de l'école sur une simple inculcation
de programmes et je revendique qu'on mette au premier plan les
principes pédagogiques qui la constituent : 1) L'école est un lieu
où la recherche de la précision, de la justesse, de la rigueur et de la
vérité l'emporte sur les rapports de force ; 2) L'école est un
lieu où - contrairement à l'entreprise - il est plus important de
« comprendre » que de « réussir » à n'importe quel
prix ; 3) L'école est un lieu où l'erreur est féconde parce
qu'elle permet d'analyser un échec et de progresser ; 4) L'école
est un lieu où l'on doit toujours donner sa chance à chacun, parier en
son éducabilité possible et refuser farouchement l'élimination du
« maillon faible »...
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Parent d'élève
: expression d'usage relativement récent, en rupture avec une certaine
conception de "l'Ecole républicaine" selon laquelle "l'élève -
contrairement à l'enfant - n'a pas de parents". Néanmoins les "parents
citoyens" doivent être associés à l'Ecole, au risque de chercher à
contrôler par leurs comportements une institution dont ils seraient
exclus. |
Depuis
la création de l'École républicaine et jusqu'à ces dernières années,
les exigences des familles envers l'École étaient, pour l'essentiel,
régulées par une représentation largement partagée de l'intérêt
général. Soupçonner l'École, critiquer ses enseignants, c'était
s'attaquer à des croyances collectives auxquelles on adhérait et qu'il
n'était pas bienséant de remettre en question. Or, aujourd'hui, la
disparition des consensus philosophiques et moraux, de la confiance
dans la promotion par le travail et le mérite, de l'espoir de voir
l'École compenser - au moins partiellement - les inégalités de fortune,
font naître chez les parents ce que Robert Ballion nomme, dès 1980,
" la consommation d'école "...
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Parentalité,
n. f., néologisme désignant "la capacité à être parent". On peut faire
l'hypthèse, que dans des sociétés où les problèmes que rencontraient
les parents avec leurs enfants étaient les mêmes que ceux qu'ils
avaient posés à leurs propres parents, la parentalité se transmettait
"naturellement". Face à l'émergence de problèmes inédits, la
parentalité doit devenir un objet de travail éducatif à part entière,
qui ne relève ni de l'aide sociale, ni de la psychothérapie. |
Longtemps,
en effet, il a suffi, pour être un « bon parent », de
reproduire avec ses enfants le comportement de ses propres parents. Il
y avait, certes, des évolutions, mais elles restaient à la marge.
L'éducation morale et sexuelle, le soutien au travail scolaire, la
découverte de la vie sociale et des perspectives professionnelles
possibles, tout cela demeurait régi par des règles simples et
consensuelles. Que votre fille se dévergonde prématurément, et elle
était vouée aux gémonies. Que votre fils revienne de l'école avec une
punition, et vous doubliez la dose. Qu'il fréquente quelques
personnages peu recommandables, et il était bouclé chez lui. Qu'il
manifeste quelques réticences pour les fiançailles et le mariage, et
c'en était fait de son héritage. Qu'il rechigne à reprendre
l'exploitation familiale ou à entreprendre des études supérieures comme
on l'y invitait, et il était aussitôt mis au ban. D'ailleurs, dans la
plupart des cas, tout rentrait dans l'ordre. Les vraies ruptures
familiales étaient le fait de rares personnalités réfractaires et
faisaient l'objet d'une interprétation quasi mythologique qui
renforçait leur caractère exceptionnel... Rien de tout cela ne
fonctionne plus aujourd'hui...
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Pédagogie,
n. f., associée souvent, aujourd'hui, soit à une idéologie molle
plaçant l'écoute beâte des enfants au coeur de l'activité éducative,
soit à un ensemble de techniques de dressage. En réalité effort pour
penser et agir en même temps l'activité éducative, "théorie pratique"
selon la formule de Durkheim. |
Je ferai, pour ma part, remonter la modernité pédagogique à l'expérience de Pestalozzi. Pestalozzi est un homme des Lumières,
proche de la Révolution française (il sera fait citoyen d'honneur de la
République). Il croit à la nécessité de transmettre une culture qu'il
pense universelle et libératrice, mais, à travers l'expérience de Stans
en 1798, il est confronté à la singularité de sujets réfractaires à son
enseignement. Ce disciple de Rousseau qui a, toute sa vie, rêvé de
« donner des mains » à l' Émile , se refuse au
dressage et à l'endoctrinement. Mais il ne bascule pas, pour autant,
dans le fatalisme et ne veut pas abandonner les déshérités à leur
sort...
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Personne,
n. f., au sens le plus général du terme, désigne un être humain sans
distinction de sexe. En pédagogie, ce terme est souvent utilisé pour
désigner la volonté de prendre en compte la singularité de
chaque être, contre des méthodes présentées comme éradiquant cette
dernière. A distinguer de la notion de "sujet" qui, elle, insiste plus
sur la liberté que sur la singularité, sur l'action que sur le donné. |
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Philosophe,
n. m., personne s'adonnant à la philosophie. Par restriction académique
et médiatique, personne enseignant la philosophie ou habilitée à parler
publiquement pour légiférer sur la question des fins. Certains
"philosophes", ainsi définis, considèrent "les pédagogues" comme des
ennemis... |
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Projet,
n. m. : "mot valise" utilisé de manière souvent ambiguë. Il peut
renvoyer à une idéologie libérale considérant la mise en concurrence
des projets comme une garantie de qualité ou, au contraire, se
présenter comme une alternative sociale et politique capable de
promouvoir le collectif et la solidarité. |
Il
n'est pas rare, aussi bien en famille qu'en classe ou dans n'importe
quel groupe, qu'un enfant se fasse remarquer par une attitude que les
adultes trouvent envahissante, voire insupportable : c'est un
signe qu'il faut savoir interpréter. Quand un enfant veut toute la
place, c'est qu'il n'a pas de place. Quand il occupe tout l'espace,
c'est qu'il n'a pas d'espace à lui, où se réfugier et d'où se déployer.
Quand il veut tous les rôles, c'est qu'il ne se sent affecté à aucun
et, donc, profondément inutile. Or, on ne trouve une place que dans un
projet dont on est partie prenante.
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Règlement intérieur
: texte réglementaire existant dans chaque établissement scolaire et
chargé, selon les circulaires officielles, de "donner vie à la
communauté éducative et de lui apporter les moyens de sa mission". Il
est censé définir clairement les règles de fonctionnement ainsi que les
droits et les obligations de chacun. |
La
création de l’École comme espace spécifique destiné aux apprentissages
requiert, en elle-même, la mise en place, explicite ou implicite, d’un
règlement intérieur. En effet, ce qui caractérise l’enseignement
scolaire, c’est qu’il s’efforce d’échapper au caractère aléatoire,
désordonné et « déréglé » des expériences d’apprentissage qui
sont faites dans le milieu familial, social ou professionnel. À
l’école, on apprend dans un cadre précis avec des objectifs identifiés
qui requièrent des comportements stabilisés. À l’école, il faut des
règles qui rompent avec les habitudes du dehors : des règles qui
permettent de rendre les élèves disponibles à une transmission des
savoirs qui se veut progressive, exhaustive et de plus en plus, au fur
et à mesure de l’histoire, démocratique.
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Remédiation,
n. f., néologisme construit à partir de la métaphore médicale du
"remède" qui vient soigner un mal identifié à partir d'un diagnostic.
Très utilisé aujourd'hui en pédagogie, avec le danger que le trairement
de la difficulté ou de l'échec scolaire ne s'effectue qu'a posteriori. |
Le
développement des dispositifs de « remédiation » est,
aujourd’hui, considéré comme « la » solution contre l’échec
scolaire et fait l’objet d’annonces régulières… Première
conséquence : l’empilement de ces dispositifs leur fait perdre
progressivement toute lisibilité. Comment les familles peuvent-elles
comprendre à quoi correspond exactement les programmes de réussite
éducative, le soutien personnalisé, l’accompagnement éducatif, l’aide
aux devoirs, les études dirigées, les stages de remise à niveau pendant
les vacances ? Quelle fonction pour chacun de ces
dispositifs ? À qui s’adressent-ils exactement ? Avec quels
critères et quels objectifs précis ?
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Sanction,
n. f., terme employé pour désigner un acte qui fait suite à un
événement ; s'entend au sens de "sanction naturelle" (conséquence
inévitable) et de "sanction sociale" (mesure délibérée). En éducation,
la sanction est, le plus souvent, entendue négativement (mesure
répressive). En pédagogie, la question est de savoir : quelles
sanctions mettre en oeuvre pour réintégrer quelqu'un que sa faute a
exclu du groupe ? |
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Sanctuaire,
n. m. : désigne habituellement un édifice religieux dédié au culte. A
été utilisé, depuis quelques années, pour désigner les écoles et
établissements scolaires qu'on veut soustraire à l'influence (voire à
l'irruption) de l'environnement. La "sanctuarisation" de l'école doit
néanmoins être interrogée. |
Je
voudrais montrer : 1) que l'Ecole est, à bien des égards, une
institution construite pour résister aux pressions de l'environnement ;
2) que la "clôture scolaire" craque aujourd'hui de toutes parts ; 3)
que, plutôt que de se crisper sur des modes de fonctionnement
obsolètes, l'Ecole doit redéfinir ses fonctions essentielles et
retrouver sa vocation première ; 4) que, une fois cette vocation
clarifiée, l'Ecole peut engager de nouveaux rapports avec son
environnement en conservant, voire renforçant sa spécificité, mais
sans, pour autant, se "sanctuariser".
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Sciences de l'éducation
: soixante-dixième section des universités créée en 1967 (avec un
pluriel délibéré). Fait l'objet de beaucoup de représentations
fantasmatiques et, également, d'un vrai débat épistémologique sur leur
unité. |
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Scolarité obligatoire
: en France, contrairement à ce que l'on croit, ce n'est pas la
scolarité mais l'instruction qui est obligatoire jusqu'à 16 ans. A cet
égard, la scolarité obligatoire à 16 ans reste un combat à mener. |
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Sens,
n. m., mot très souvent employé en pédagogie, en particulier dans
l'expression "donner du sens aux savoirs". Cette expression est,
d'ailleurs, devenue un lieu commun des pédagogues qui irrite
particulièrement leurs adversaires. C'est pourquoi elle mérite d'être
clarifiée et discutée. |
"Donner
du sens" aux apprentissages est devenu, aujourd'hui, un lieu commun
pavé des meilleures intentions du monde. Mais il ne faudrait pas croire
qu'il s'agit là d'une opération facile, voire mécanique, qui serait
susceptible d'une systématisation grâce à des "techniques" didactiques
éprouvées. S'il y a, incontestablement, une part de technicité dans la
"création du sens", ce dernier s'inscrit toujours dans une relation
pédagogique qui échappe, par définition, à toutes les tentatives
d'enfermement. S'agissant du "sens" - et que nous le voulions ou non -
nous sommes toujours dans une "transaction", dans un travail permanent
sur le désir, un effort pour aboutir à des compromis tenables sans
passer - ou en passant le moins possible - par la répression ou par la
manipulation...
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Situation-problème,
expression utilisée en pédagogie et didactique pour désigner une
situation d'enseignement-apprentissage ou les contraintes et les
ressources sont organisées de telle façon que l'élève, mobilisé par un
projet, rencontre un obstacle et, pour le surmonter, acquière des
savoirs déterminés. |
Le
concept de "situation-problème" ne doit pas être considéré comme une
invention récente de la didactique. Même si, sous cette dénomination il
ne remonte sans doute qu'à Piaget, il exprime, en réalité, un projet
bien plus ancien et, sans doute, constitutif de la pédagogie moderne...
Il faut nous rappeler, en effet, que les théories classiques de
l'apprentissage telles qu'on les trouve énoncées chez Platon, Aristote
et Augustin, cherchaient d'abord à surmonter un paradoxe, à dépasser
une aporie qui paraissait alors rendre précisément impossible tout
apprentissage : "Comment apprendre à faire quelque chose qu'on ne sait
pas faire si ce n'est en le faisant ? Et comment peut-on le faire
puisque, justement, on ne sait pas le faire ?"...
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Temps,
n. m., réalité vécue très différemment dans la durée par chacun des
protagonistes de l'entreprise scolaire. A l'école, il y a un "emploi du
temps" et un découpage de celui-ci selon une mécanique qui ne laisse
pas toujours à chacun "le temps d'apprendre". |
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Théâtre,
n. m., désigne un espace dédié à l'espression vocale et corporelle de
quelques individus nommés "acteurs" devant d'autres individus nommés
"spectateurs", ainsi que l'ensemble des textes et directives qui
gégissent l'utilisation de cet espace. En matière éducative, le théâtre
a été considéré comme un outil pédagogique majeur il y a longtemps en
France (dans les écoles jésuites) ; il est considéré comme une
"discipline scolaire" à part entière dans de nombreux pays du monde. |
Franchir
la porte d'une salle de théâtre, c'est, à coup sur, entrer dans un
autre monde. Tout, ici, est fait pour signifier qu'on est
ailleurs : il y a une sorte de cérémonial qui donne, d'emblée, un
sentiment d'étrangeté. C'est le contraire du cinéma où l'on s'installe
en terrain conquis, un cornet de pop-corn à la main, attendant, en
consommateur discipliné, le début d'une nouvelle séance,
immanquablement identique à la précédente... Au théâtre, en revanche,
il faut entrer avec d'infinies précautions ; avec le sentiment
qu'on risque de déranger, qu'on vient assister, un peu par effraction,
à un événement unique. Que quelque chose d'étrange va se produire sous
nos yeux et, contre toute logique cinématographique, que cette chose va
vivre de nos regards. C'est pourquoi il vaut mieux préparer les enfants
avant de les amener voir un spectacle de théâtre. Explorer avec eux les
coulisses en secret. Susciter leur curiosité en leur faisant entrevoir
les loges et la machinerie. Leur laisser saisir quelques bribes de
répétition. Pour donner plus de tension à l'attente... Jusqu'au moment
fatidique où l'on entre dans la salle. Avec un peu d'anxiété parfois,
car il n'est pas mauvais qu'on craigne d'avoir peur, de s'ennuyer ou de
ne pas comprendre...
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Tiers-lieu éducatif,
expression apparue récemment et qui désigne, à côté de la famille (lieu
de la construction de la filiation) et de l'école (lieu de la
transmission ordonnée des savoirs), les espaces éducatifs où des pairs
peuvent rencontrer des ex-pairs qui ne sont pas détenteurs d'une
autorité institutionnelle mais, déjà jeunes adultes ou adultes, peuvent
jouer un précieux rôle de passeurs. |
Des
dangers menacent le passage des jeunes à l'âge adulte : le repli
communautariste, la domination d'une doctrine officielle ou d'un
« politiquement correct » trop souvent véhiculé par les
grands médias, la marchandisation des loisirs. Mais aussi, malgré la
multitude des sollicitations dont les jeunes sont l'objet, l'anomie et
le repli devant un monde trop souvent indifférent aux problèmes qui les
préoccupent. Minoritaires en effet sont ceux qui sont vraiment aidés à
construire leur identité. Il existe dans la société plusieurs
institutions et divers lieux qui contribuent à l'éducation des jeunes.
Cette pluralité est un fait, et elle est justifiée en droit. Demander à
l'école d'être responsable du tout de l'éducation, c'est la surcharger
inutilement. Hors de leur famille et de leur école, les jeunes ont
besoin d'un troisième lieu...
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Transfert,
n. m., terme qui désigne originellement une action de déplacement.
Utilisé en pédagogie et en didactique, en particulier dans l'expression
"transfert de connaissance", pour signifier l'utilisation d'un savoir
dans un autre cadre contexte (informationnel, matériel, institutionnel)
où il a été acquis. Objet de nombreux débats. |
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Transmission,
n. m., terme souvent opposé - à tort - par les pédagogues à
"construction du savoir". En réalité, il n'existe aucune "construction"
du savoir sans "transmission" par l'éducateur (même si cette
transmission prend la forme de conditions que l'on met en place). Pas
d' "humaine condition" sans transmission entre les générations et entre
les hommes. Mais si transmettre est un impératif, la transmission n'est
pas une normalisation. |
Il
n'est pas d'exemple d’être humain qui ait pu atteindre le statut
d'adulte sans d'autres êtres humains, adultes ceux-là. L'enfant, en
effet, vient au monde infiniment démuni et il ne peut grandir que s'il
est introduit dans le monde, si des adultes « font les
présentations » et prennent en charge son arrivée dans la maison.
Là, il lui faut apprendre les règles de ceux qui l’accueillent. Ce
n’est jamais facile : l'intégration dans la domus est
toujours, peu ou prou, une entreprise de « domestication »,
une affaire d'horaires à respecter, d'habitudes à prendre, de codes à
acquérir, d'obligations auxquelles il faut se soumettre… Et celui qui
arrive ne peut pas choisir lui-même ce à quoi il doit être éduqué. Nos
enfants ne choisissent pas la langue dans laquelle ils vont s'exprimer,
les coutumes avec lesquelles ils vont vivre. Pas plus qu’ils ne
pourront, pendant la scolarité obligatoire, choisir les disciplines
qu’ils devront apprendre. Si l'enfant pouvait choisir ses objets
d'apprentissage, c’est qu’il serait déjà éduqué. Aucun
« respect » ne peut justifier ici l’abstention éducative.
L’adulte a un impératif « devoir d’antécédence ». Il ne peut
abandonner l’enfant sans lui transmettre les moyens d’être au monde,
d’habiter le monde, de comprendre et de prolonger le monde.
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Universalité,
n. f., désigne ce qui concerne (ou pourrait concerner) tous les hommes
en tant qu'ommes et non dans leur singularité. En pédagogie, la
question est donc de savoir comment faire accéder des individus
singuliers à l'universel. |
L'universalité
est un thème central qui affleure systématiquement dans les débats
contemporains sur l'Education. D'un côté, on affirme que "toutes les
cultures se valent" et l'on considère comme valeur suprême le "respect
de la différence"... D'un autre côté on pointe les excès que le droit à
la différence laisse commettre, on souligne qu'une telle position
interdit à un sujet d'interroger les valeurs de son environnement et de
s'exhausser au dessus d'elles ; on propose alors des valeurs de
référence qui sont précisément celles élaborées à partir du critère
d'universalité...
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